Je précise que si il y a des répétition d'une rubrique à l'autre, c'est normal, j'aborde parfois les mêmes scènes d'un point de vue différent selon la thématique^^
Isayama a mis en place diverses dynamiques basées sur des duos dans SnK : Sasha & Connie, Ymir & Christa, Reiner & Bertholt, Hanji & Moblit, etc. C'est chose courante dans les fictions, que ces personnages soient amis ou ennemis, comiques ou tragiques. Mais le maître a surtout évoqué une dynamique bien précise qui lie trois duos particuliers de SnK, et que les fans ont nommé "Ackerbond" (traduisez par "Ackerlien", ou "le lien des Ackerman"). Si ce terme a été inventé par les fans, ce qu'il recouvre a bien été expliqué par Isayama. Voyons ce qu'il dit du Ackerbond :
(Answers, p. 44) : [...] la décision de se battre pour quelqu'un n'a rien à voir avec cet aspect atavique. C'est leur caractère qui veut ça. Mikasa et Livaï se sont développés comme des personnages oeuvrant pour quelqu'un. Leur personnalité me semble coller avec ça.
(Answers, p. 168) : [...] Il faut dire que beaucoup de membres de la famille Ackerman sont capables d'utiliser leur force au maximum lorsqu'ils sont au service de quelqu'un. Journaliste : Quoi ?! Vous venez de lâcher une information inédite, là ?! Il est vrai qu'il y a une relation "sujet-souverain" entre Kenny et Uli, mais aussi entre Mikasa et Eren. Isayama : Dans le cas de Livaï, il s'agit d'Erwin. Il reconnaît sa supériorité. On peut dire que cette recherche d'un être à servir est atavique, ou plutôt instinctive.
Pas très clair, n'est-ce pas ? Et même contradictoire dans un sens. D'un côté, Isayama prétend que ce lien n'est pas lié à leur sang, à leur lignée, et ensuite il dit le contraire. En vérité, on peut aisément unir ces deux propos.
On peut comprendre les choses comme suit : le fait de trouver et choisir une personne à servir est peut-être un instinct, un réflexe, plus qu'une action réfléchie, et serait lié à la nature même de la lignée Ackerman ; mais l'identité, la nature et le type de personne choisie par un Ackerman serait par contre liés au caractère, au vécu, à la personnalité du Ackerman lui-même. C'est ainsi qu'on peut comprendre les propos d'Isayama.
Ici, je ne vais pas parler seulement du EruRi, mais des trois types d'Ackerbond qui nous sont donnés à voir dans le manga. Car pour bien comprendre la puissance du EruRi, il faut d'abord comprendre ce que sont les Ackerman et le Ackerbond, et de quelle façon les trois Ackerman que nous connaissons ont tissé leur lien avec leur lige. Je détaillerai mon propos en plusieurs sous chapitres, car il y a beaucoup à dire et à spéculer !
Ce sont mes propres analyses, soutenues sans doute par d'autres que moi. Il va sans dire que vous êtes libres de ne pas être d'accord avec mes analyses, mais je ne pense pas qu'elles soient fausses pour autant^^
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Qui/que sont les Ackerman ?
Compilons les informations que nous pouvons trouver. Laissons d'abord parler Kenny Ackerman lui-même (l'oncle de Livaï) :
(Chapitre 65) "Les Ackerman étaient autrefois des guerriers au service direct de la monarchie, pas vrai ? Il ne reste plus qu'une poignée d'entre nous. Notre lignée est au bord de l'extinction."
Puis le grand-père de Kenny (et donc arrière-grand père de Livaï) : "Ce dont je suis sûr, c'est que notre famille était le bras armé du gouvernement et qu'elle était une des maisons centrales dans les opérations mises en oeuvre pour assurer la survie de l'humanité. Exceptées ces quelques familles qui constituaient le noyau dur du régime, le reste de l'humanité est issu d'une seule et même souche. Parmi elles, on trouve notamment celle des asiatiques, qui présentent des caractéristiques très différentes des nôtres. L'ennui pour le roi, c'est que cette disparité s'est révélée un obstacle contrariant ses projets de gouvernance. Son idéal était en effet d'altérer la mémoire collective grâce au pouvoir du titan... Seulement, les Ackerman et les autres lignées minoritaires se sont avérés insensibles aux effets de ce pouvoir. Cela signifie que, pour réaliser son grand dessein consistant à faire tomber le passé dans l'oubli, il devait obtenir la coopération des lignées minoritaires dont les membres ne pouvaient pas être frappés de cette amnésie artificielle. Toutes ont donné leur assentiment... sauf ceux, qui en désobéissant, se sont mis le régime à dos. Les asiatiques... et les Ackerman. La génération de mes parents a préféré ne pas transmettre son savoir à la mienne, pensant nous mettre ainsi à labri du risque d'être pris pour cibles d'une purge. Notre patriarche offrit même sa vie en échange de la garantie de la subsistance de son clan. Il fut exécuté, mais on fit bien peu de cas du souhait pour lequel il s'était sacrifié."
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Ce que révèle Livaï à Mikasa au chapitre 63 : "Un jour, tout à coup, une puissance extraordinaire a surgi du tréfonds de son être et, aussitôt, comme par instinct, il (Kenny) a su précisément comment agir. Moi aussi, ça m'est déjà arrivé."
Voici ce que dit Sieg, au chapitre 93 : "Les Ackerman, sous-produits de la science titanesque, ne sont pas une légende."
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Enfin, ce qu'en dit Isayama dans la postface de Birth of Livaï : "Il (Livaï) possède une puissance que l'on ne peut pas deviner à travers son physique. Un corps qui ne semble avoir rien d'extraordinaire, mais qui n'est en réalité pas comme celui des autres."
Que peut-on déduire de ces informations ?
1. Les Ackerman sont à la fois des guerriers et des protecteurs, qui travaillaient autrefois pour la royauté. Cela explique leur propension à se trouver un lige à servir, lointaine réminiscence de leur fonction première. Kenny, Mikasa et Livaï ont clairement un rôle de guerrier/gardien de leur lige, auquel il font une totale confiance et qu'ils soutiennent constamment.
2. Les Ackerman ont perdu petit à petit le souvenir de la vérité concernant l'origine du Royaume des Trois Murs. Ni Kenny, ni Livaï (ni Kuchel, la mère de Livaï, ni le père de Mikasa), ne semblent connaître leur ascendance (Livaï ne savait même pas qu'il était un Ackerman). Kenny en a peut-être appris plus avec Uli, qui possédait la mémoire ancestrale grâce à son titan, mais nous ne savons pas. Leur propre origine ne leur est pas connue.
3. Les Ackerman ne sont pas des Eldiens ; tout comme les Asiatiques, ils font partie d'une ethnie différente. Ils ne peuvent donc pas être transformés en titans. Il est également fort possible que les liges choisis par les Ackermans doivent obligatoirement être Eldiens (en référence à leur allégeance ancestrale à la famille royale).
4. Les Ackerman sont doués d'une force qui surpasse leur apparence, mais apparemment tous ne la découvrent pas. Il faut qu'un évènement particulièrement stressant/dangereux vienne déclencher cet "éveil". La mère de Livaï, et le père de Mikasa, n'étaient visiblement pas doués de cette force alors qu'ils étaient des Ackerman. L'éveil de cette force et la reconnaissance de leur lige sont deux choses différentes ; cependant, cette force semble accrue quand les Ackerman se battent pour leur lige.
5. Les Ackerman ont été persécutés, ils ont presque tous disparu. A Mahr, on les prend même pour une légende.
6. Si on en croit Sieg, les Ackerman ne seraient même pas humains, ou seulement en partie. "Sous-produit de la science titanesque", ils sont probablement issus d'un croisement génétique, ou de la tentative de fabriquer des titans à taille et cerveau humains, peut-être pour mieux les contrôler. Le fameux héros Helos pourrait possiblement être inspiré de la légende des Ackerman (spéculation personnelle). Les Ackerman seraient donc des êtres humanoïdes dotés de la force des titans.
KenUri (Kenny & Uli, leur Ackerbond)
Ce qui a poussé Kenny à chercher à tuer Uli dans un premier temps est flou. Apparemment, il aurait été engagé par un membre du parlement, ou alors il s'y serait pris seul pour venger en quelque sorte son clan (bien qu'on puisse en douter). Kenny semble malgré tout curieux des origines de son clan, donc cette vengeance n'est pas à exclure. S'en prendre au roi légitime des Trois Murs, dont les ancêtres ont fait tant de mal aux siens, est une explication plausible. Peut-être que tous ces facteurs ont joué.
Toujours est-il que Kenny attaque Uli et celui-ci transforme son bras en bras de titan pour le stopper. Kenny se retrouve prisonnier et en danger mortel. Il est si subjugué par les capacités d'Uli qu'il se rabat sur le trash talk pour masquer sa peur. Rappelons que Kenny est un tueur en série/tueur à gages à l'origine ; le type n'est pas un trouillard et il est doté d'une force considérable. Mais là, il est mis à terre, ce qui est peut-être une première pour lui. Tandis que le frère d'Uli le menace d'un fusil, Uli demande de ne pas le tuer et reconnaît en lui un Ackerman (sans doute grâce à ses pouvoirs de titan). Kenny lui lance un couteau qui se fiche dans son bras, le blessant donc fortement mais sans que Uli ne semble s'en apercevoir (il peut se régénérer grâce à son titan). Kenny semble presque perdre la tête et Uli le relâche. Il s'approche de lui de façon très humble et se prosterne devant lui en lui demandant de pardonner les persécutions que ses ancêtres ont subies.
Kenny admet avoir été choqué de voir quelqu'un comme Uli - le vrai roi, doté de pouvoirs fabuleux - se mettre à plat ventre devant quelqu'un comme lui. Ce mélange de force et d'humilité "change quelque chose en lui". Uli dit à Kenny que son but est de rendre le monde meilleur, d'en faire un paradis, mais reconnaît en parallèle le fait qu'il n'y est pas arrivé. Kenny est clairement touché par Uli, et il prétend lui avoir de suite "proposé ses services". Kenny était un loup solitaire, quelqu'un qui ne devait rien à personne. Ici, il décide de se lier à quelqu'un alors que rien ne l'y oblige ; à une personne qui, de plus, semble très opposée à lui sur le plan du tempérament et des aspirations. Kenny n'est pas un philanthrope.
Comme tant de gens, il a fait des choses innommables, pour survivre, pour l'argent, etc. Mais le fait que Kenny se soit lié à quelqu'un dont le but semble être la recherche du bonheur pour tous en dit long. Il n'est peut-être pas un salaud si absolu.
Dans le cas des trois Ackerman, le motif récurrent qui semble se dessiner est le besoin de combler un vide dans leur existence, de donner un sens à leur vie. Or, tout au fond de Kenny devait attendre une raison de voir le monde différemment. Kenny voit le monde un peu comme Livaï, un merdier pas possible dans lequel seuls les plus forts survivent. C'est une vision pessimiste, qui prend peu de risque de se tromper. Mais le pari d'Uli est risqué, et Kenny voit ici une possibilité de se contredire lui-même. Kenny doit abriter en lui un besoin de comprendre ce qu'est la bonté, à travers Uli, qu'il admet lui-même n'avoir jamais réussi à comprendre totalement. Pourtant les deux hommes sont très proches, une proximité qui dépasse la notion de maître/serviteur. Cette proximité permet même à Kenny de se moquer des aspirations d'Uli (ce qui rappelle beaucoup la façon dont Livaï se moque parfois d'Erwin). Cette façon de procéder, en se moquant mais en respectant, semble ici liée à Livaï et Kenny (qui sont proches biologiquement, qui ont vécu ensemble et ont eu le même genre de vie avant de rencontrer leur lige ; Mikasa est à part). Cette façon de se moquer tout en faisant une absolue confiance semble être un réflexe de défense de leur ancien moi qui ne peut malgré tout pas admettre que le monde fonctionne autrement que comme eux le voient. Peut-être une volonté de mettre leur lige à l'épreuve, mais aussi de réaffirmer le fait que, malgré des points de vue divergents, rien ne peut les séparer...
Après tout, Kenny n'est pas si égoïste. Il prend le petit Livaï sous son aile alors que rien ne l'y oblige. Kenny est peut-être plus attaché à la notion de famille qu'il ne veut bien l'admettre. Tout comme Livaï, un coeur doit se cacher sous sa carapace, même si celle-ci est plus dure.
Uli vieillit alors et Kenny sait qu'il va devoir dire adieu à son lige. Même s'il fait semblant, on voit que ça le peine. Uli rappelle à Kenny qu'il sait que celui-ci est partisan de la violence (et qu'il n'a donc jamais tout à fait adhéré aux vues d'Uli), mais prétend que c'est sans doute cette violence qui leur a permis de se rencontrer. Uli qualifie cela de miracle.
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Uli met ici le doigt sur quelque chose d'important. C'est parce que lui et Kenny ont un caractère et un point de vue différents sur le monde que leur Ackerbond s'est produit. Le Ackerbond met donc en relation deux personnes peut-être opposées mais qui par la suite deviennent complémentaires. Cul et chemise, pour reprendre l'expression de Kenny, tout à fait dans son style.
Par la suite, après le sacrifice d'Uli et la passation du pouvoir du titan à Frieda Reiss, Kenny reste au service de la famille Reiss mais il semble vide. Il ne le fait que parce qu'il a dû le promettre à Uli, mais il n'a aucune allégeance du type Ackerbond avec Rhodes. Il prétend sentir Uli à travers Frieda... et continue de trouver les propos sur la paix et l'amour du prochain stupides. Mais il s'interroge. Et si c'était le pouvoir du titan qui rendait Uli et Frieda si "bons" ? C'est à partir de ce moment que Kenny va ambitionner de s'approprier le titan originel ; dans le but de comprendre totalement Uli, son lige, en lui permettant de voir et sentir ses émotions les plus intimes, ce qui a visiblement été une source de frustration pour lui.
La frustration fait partie intégrante de la relation Ackerbond. Quand le Ackerman se rend compte que son lige lui reste malgré tout inaccessible, qu'un ultime jardin secret lui échappera toujours, c'est pour lui une source de souffrance. Livaï l'a vécu aussi. Et cette souffrance là mène Kenny à fomenter son plan pour capturer Eren et s'approprier le titan originel. Son désir de connaître à la fois pleinement ce qu'était Uli mais aussi de savoir si même une crapule comme lui peut devenir quelqu'un de bien montre bien qu'au fond, Kenny n'est pas si mauvais. Il a soif d'un idéal, mais qu'il ne peut formuler ou exprimer au mieux que par la violence (ce qui arrive aussi à Livaï parfois).
Finalement, Kenny comprend que comme il n'est pas de sang royal, il ne pourra pas exprimer tous les pouvoirs de l'originel et donc que Uli et la bonté lui échapperont toujours. Au moment de mourir, il préfère rester un humain plutôt que de se transformer en titan imbécile et remet le poids du sérum à Livaï. Il se rend compte à la fin qu'Uli, lui-même, et tout le monde sont obsédés par quelque chose qui permet de les faire avancer. Uli était obsédé par la bonté et la paix mais ça ne veut pas dire qu'il était parfait. Kenny a sans doute dû tuer pour lui par le passé. Kenny, lui, était obsédé par la recherche du pouvoir ultime, ce qui lui a permis de tenir après la mort d'Uli. Mais cette recherche était vaine car elle ne rend pas plus heureux en vérité. Et si Kenny était devenu un tyran, n'aurait-il pas trahi les idéaux d'Uli, en devenant un monstre ?
Conclusion : Kenny et Uli se sont liés par le Ackerbond à cause de leurs divergences d'opinions mais aussi par le besoin qu'ils avaient l'un de l'autre. Uli avait sans doute besoin d'un bras armé pour exécuter ses basses besognes (car tout pacifique qu'il soit, il n'est pas stupide et sait qu'il a des ennemis) et Kenny parce que les aspirations d'Uli devaient combler un vide en lui. Les Ackerman ont besoin de se prêter à des buts plus nobles ou plus élevés que ceux auxquels ils pensaient avoir droit. Que Kenny (et Livaï) ait évolué dans les strates les plus misérables de la société n'y est sans doute pas pour rien. Cette notion de transcendance à travers un lige qu'ils jugent comme supérieurs à eux ou nécessaires à leur bonheur (dans le cas de Mikasa) est primordiale. On pourrait penser que les Ackerman sont nés pour être des "suiveurs", qui, même si cela peut paraître péjoratif, n'est pas faux. Même après la mort d'Uli, Kenny continue de protéger sa mémoire en interdisant à Rhodes de dire du mal de lui. Cette fidélité qui continue jusque dans la mort est aussi commune à Livaï, qui retourne chercher les os d'Erwin des années après sa mort. Le souvenir de leur lige est ineffaçable. Et leur allégeance n'est probablement pas renouvelable. Mais il faudra attendre qu'Isayama nous en dise plus pour s'en assurer.
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EreMika (Eren & Mikasa, leur Ackerbond)
Le cas d'Eren et Mikasa est à part des deux autres car il s'est déroulé dans des circonstances très différentes : ils étaient très jeunes, et l'éveil de la force de Mikasa/découverte de son lige se sont déroulées simultanément (ou à quelques minutes d'intervalles).
Mikasa vivait avec ses parents une vie modeste mais tranquille à l'écart de la société. Sa famille se fait attaquer par des marchands d'hommes (Mikasa et sa mère sont asiatiques, type rare et recherché par les esclavagistes). Ses parents sont tués et Mikasa est enlevée. Eren et son père, qui faisaient la tournée du voisinage (Grisha est médecin) tombent sur le massacre. Plus tard, Eren découvre la planque des bandits qui ont enlevé Mikasa. Alors que tous les deux sont en grand danger d'être tués à leur tour, Eren hurle à Mikasa de se battre pour survivre.
Mikasa, qui était jusqu'à présent une petite fille normale et craintive, trouve en elle-même une force inouïe et abat l'homme qui menace Eren. Plus tard, les bandits éliminés, Mikasa et Eren se retrouvent seuls. Mikasa est maintenant orpheline, et c'est à ce moment qu'un grave manque affectif va se mettre en place ; elle va reporter l'amour qu'elle avait de ses parents sur Eren, qui devient son lige quand il drape autour d'elle une écharpe (qu'elle gardera toujours comme un talisman). Il invite également Mikasa à venir vivre chez eux et Mikasa deviendra donc membre honoraire de la famille Jaeger ; mais elle ne sera jamais adoptée, ayant gardée son nom de famille. Ni Eren ni Mikasa n'ont passé assez de temps ensemble pour se considérer comme frère et soeur, de plus ils ne sont pas élevés ensemble. Deux ans plus tard, le titan colossal attaque Shiganshina.
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Mikasa a clairement un rôle de protecteur pour Eren. Eren est une tête brûlée qui ne sait pas choisir ses combats, et Mikasa est maintenant bien au fait de sa force. Elle la met au service d'Eren. Cependant Eren est plus bien ennuyé qu'honoré par cette attention. Il faut bien comprendre que nous avons ici un Ackerbond assez particulier, où le Ackerman est une fille et le lige un garçon, tous deux en pleine adolescence, à un âge où on veut s'affirmer et réussir à se débrouiller seul. Dans ces circonstances, on peut tout à fait comprendre que les attentions de Mikasa soient vues comme du maternage par Eren (ce qui est en partie le cas, mais cela va au-delà), or à un âge où on veut impressionner son monde, ce n'est pas forcément agréable. Mikasa ne se voit pas comme une mère pour Eren, prendre soin du garçon qu'on aime quand on en a les capacités physiques, cela peut sembler tout à fait normal. Mais Eren est aussi assez obtus. Il est très concentré sur sa propre colère, sa propre vengeance et son propre complexe d'infériorité pour voir les actes de Mikasa autrement que comme ceux d'une mère de substitution. Il pense que Mikasa le voit comme un faible et que c'est pour ça qu'elle le protège constamment. Il voit cela comme quelque chose de rabaissant pour lui, comme si Mikasa niait sa maturité et sa nature masculine. Ou peut-être est-ce lui qui veut le considérer ainsi. Mikasa, elle, a sans doute toujours été amoureuse d'Eren, et ce sentiment amoureux entre en résonance, et même parfois en conflit, avec le Ackerbond.
Mikasa a noué ce lien alors qu'elle était jeune, et à cet âge on a pas d'idéal particulier ou d'attente forte sur la vie. Contrairement à Kenny et Livaï qui étaient des adultes endurcis au moment de la rencontre de leur vie, Mikasa n'a à ce moment que des motivations d'ordre affectif ; elle vient de perdre ses parents et ce qui peut la combler dans l'immédiat, c'est qu'Eren remplisse ce vide. Par la suite, elle ne semble pas faire évoluer sa recherche d'idéal, son seul désir se limitant à être avec Eren. C'est pour cette raison que son Ackerbond semble stagner. Elle n'a pas d'idéal personnel au-delà d'Eren, ce qui bloque l'évolution de son personnage. Mais on ne peut nier que la relation qui le lie à lui reste belle et tragique (comme pour tous les Ackerbond). Rappelons que la frustration fait partie de ce lien. Mikasa voudrait sans doute qu'Eren cesse de la voir comme une maman et davantage comme une femme. Qu'il soit incapable de le faire, là se trouvent la frustration et la désillusion de Mikasa à propos de son lige.
Quand elle semble prête à se déclarer, alors que les titans se précipitent sur eux pour la curée, Eren paraît comprendre son message mais reste sur ses positions. Il n'a pas le temps de répondre à ses sentiments, trop occupé par la survie et par sa propre colère pour prendre garde à ce que ressent vraiment Mikasa.
Conclusion : le Ackerbond de Mikasa lui fait comprendre que le monde est cruel (les bandits qui ont tué ses parents) et aussi très beau (la sollicitude d'Eren). Mais elle ne semble pas se projeter au-delà d'Eren, à travers un concept quelconque destiné à la transcender, contrairement à Kenny et Livaï (même si pour eux aussi, le lige est un vecteur indispensable à cette transcendance). Elle est encore jeune et peut-être est-ce pour cette raison qu'elle ne fait pas encore la part des choses. Les motivations de son Ackerbond semblent floues. Elle n'a pas encore réussi à discerner ce qui, dans Eren, motive le fait qu'elle le suive, hormis la dimension affective. Il se peut que Mikasa soit mise face à un choix après l'ellipse, quand elle sera plus âgée : soit tourner le dos à Eren et poursuivre d'autres idéaux, ceux d'Armin (car son lien affectif avec Eren ne lui suffira peut-être plus en tant qu'adulte) ; soit elle restera avec lui envers et contre tous, et son personnage risque de rencontrer une impasse évolutive, en tout cas si Eren lui-même ne change pas d'attitude pour voir plus loin que la colère ou la vengeance (qui ne sont pas les concepts les plus nobles à soutenir pour un Ackerman).
EruRi (Erwin & Livaï, leur Ackerbond)
Le EruRi se situe entre les deux extrêmes que je viens d'analyser : entre le Ackerbond guidé davantage par l'ambition (KenUri) et celui dicté par les émotions/sentiments (EreMika). Il est sans doute le plus équilibré des trois, et peut-être aussi le plus important au vu de ce qu'Erwin et Livaï ont accompli ensemble. En fait, sans leur dynamique, l'histoire de SnK aurait été très différente. S'ils ne s'étaient pas rencontrés, SnK n'aurait peut-être même pas eu lieu. Erwin est le moteur principal qui pousse tous les autres personnages en avant. Si vous regardez bien, presque rien ne se déroule sans qu'il l'ait décidé. Sa mort nous laisse orphelins et ouvre une nouvelle ère dans la narration de SnK.
Au début du spin-off, Livaï déteste Erwin : il a réussit à le capturer et l'a fait chanter pour qu'il entre dans le bataillon, ce qu'il ne lui pardonne pas, car Livaï a sa fierté ; sa putain de fierté, comme il dit. Lors de leur première rencontre, c'est donc le clash. Pas de révélation particulière face à Erwin, car Livaï est trop concentré et obsédé par la colère qu'il ressent pour se focaliser réellement sur la nature de l'homme qu'il a devant lui. Cependant, Livaï est déjà atteint de son complexe du héros ; il aspire à une vie plus haute, plus noble. Et bizarrement, c'est Erwin qui perçoit cela chez lui, ainsi que son talent. Dans le cas du EruRi, la reconnaissance de l'autre se fait en deux temps et des deux côtés. Erwin est clairement le lige plus impliqué dans le Ackerbond. Il veut Livaï et il fait ce qu'il faut pour ça. Quand Kenny et Mikasa n'ont opposé aucune "résistance" et se sont "inclinés" très vite, Livaï, lui, ne se laisse pas faire. Ce qui engendre de véritables manoeuvres de séduction - au sens propre - de la part d'Erwin. C'est peut-être en cela que leur Ackerbond est davantage basé sur une relation équilibrée. Erwin et Livaï ont besoin l'un de l'autre avec une force égale.
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Quand Erwin se retrouve à terre, menacé par la lame de Livaï - qu'il attrape dans sa main mais dont il ne semble pas sentir la douleur, tout comme Uli -, il joue son va-tout. En vérité, c'est grâce à lui si le Ackerbond se fait. S'il n'avait pas su trouver les bons mots pour secouer ce qui, en Livaï, demandait à l'être, rien ne serait arrivé. Il serait mort sans doute, Livaï aussi peut-être (tué par Mike qui tourne comme un lion en cage en observant la scène, tout comme Rhodes Reiss), et SnK n'aurait pas vu le jour. Le discours d'Erwin transpire l'héroïsme ; or, c'est à être un héros, libre et utile, que Livaï aspire. Erwin a vu cela en lui. Et là l'attitude de Livaï change du tout au tout. Tout comme Kenny avant lui, il était venu tuer son futur lige, et se retrouvera à le suivre en enfer sans aucun regret. Si le Ackerbond de Mikasa semble logique et pas si mystérieux (elle n'a jamais détesté Eren et lui doit au contraire la vie), ceux de Kenny et surtout de Livaï sont réellement étranges, surnaturels, pas du tout rationnels.
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Le EruRi se situe entre les deux autres, comme je l'ait dit : d'un côté Livaï se laisse convaincre que ce qu'Erwin lui propose est le deal de sa vie ; et de l'autre, tout comme Mikasa pour Eren, il doit lui être reconnaissant de lui avoir "sauvé la vie", de lui avoir donné la possibilité de sortir de l'obscurité et de briller à la surface. Le côté sentiment et le côté aspiration personnelle se confondent. C'est pourquoi Livaï fera tout par la suite pour que les plans d'Erwin fonctionnent (en obéissant à ses ordres) parce que son aspiration est comme la sienne ; mais aussi pourquoi, à la fin, il rejettera les seules aspirations à la victoire de l'humanité pour se soucier uniquement de l'humain Erwin, qui lui est finalement bien plus cher que le reste.
La haine que Livaï portait à Erwin au début ne rend leur Ackerbond que plus poignant et inexplicable. Pour passer ainsi d'un stade de détestation à celui de la confiance absolue, c'est que quelque chose de très fort à dû se passer en lui. Surtout si on part du principe que Livaï, au cours de sa vie, a dû apprendre à ne pas faire confiance facilement. Tout au long de leurs interactions, nous passons du respect teinté de moqueries, aux franches engueulades cachant de l'inquiétude, preuve qu'Erwin et Livaï sont bien plus que des soldats quand ils sont ensemble. Ils n'ont pas de rapports formels ou strictement professionnels. Que Livaï soit d'ailleurs devenu le bras-droit d'Erwin alors qu'Hanji aurait tout aussi bien pu faire l'affaire (leurs esprits se ressemblent) témoigne d'un attachement particulier à ce petit homme d'un mètre soixante qu'il a eu tant de mal à convaincre de le rejoindre et qui ne l'a plus jamais quitté par la suite. Le EruRi est le Ackerbond où l'échange entre les deux partenaires est le plus égal, le plus confiant, le plus réciproque (Livaï se soucie d'Erwin et réciproquement). Et le plus équilibré entre aspiration personnelle et sentiments.
Livaï a aussi fait l'expérience de la frustration du Ackerbond, en découvrant que son lige avait des secrets dont il ne lui avait jamais parlés. S'il est à ce point choqué, c'est qu'Erwin a dû lui confier beaucoup d'autres choses. Mais pas cet ultime secret, celui de son mal-être et de sa volonté de prouver les théories de son père. Malgré cette petite trahison, Livaï restera à ses côtés ; par attachement plus qu'autre chose puisqu'en vérité le "salut de l'humanité" est une ineptie depuis le début : les titans étaient aussi des humains et ceux qui s'attaquent à Paradis le sont aussi. Et il faut remarquer la peur qu'Erwin a de perdre Livaï, la peur de le voir se détourner de lui s'il devait lui dire toute la vérité, pour comprendre que le Akerbond, ici, est vraiment à double sens. Ce petit secret, peut-être le seul entre eux, aurait pu tout détruire, mais n'a fait que renforcer la volonté de Livaï de le protéger de lui-même.
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Si Livaï préfère écouter en premier son devoir au lieu de son coeur en voulant injecter le sérum à Erwin (car pour lui Erwin et la victoire ne font qu'un), il choisit finalement de laisser filer ce concept obsolète pour apporter la paix à Erwin en le laissant partir. Tout comme Kenny, qui a laissé Uli se sacrifier, tout comme Mikasa, qui est restée étrangement calme et stoïque quand Armin lui apprend la "mort" d'Eren, Livaï est résigné à perdre son lige, avec une sagesse très triste. A perdre peut-être aussi un peu de sa force et de son implication personnelle dans l'histoire. Hanji, elle, n'est pas entrée dans le bataillon à cause d'Erwin ; mais Livaï, oui. Et cette perte signifie bien plus pour lui que pour elle. C'est pour lui qu'il s'est jeté dans ce combat. Il a préféré se condamner à la solitude, à végéter (comme le dit Isayama) plutôt que de voir son lige devenir l'antithèse de ce qu'il était.
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Je vais aborder plus en profondeur ce qui pour moi est le noyau dur de leur Ackerbond : le partage de leurs capacités propres, qui est plus encore que dans les autres Ackerbond un élément fondamental dans le EruRi. Pour ce faire, je vais beaucoup me référer à leurs propres mots dans leurs interviews personnelles (référez-vous à la page des liens pour les trouver). Quelles sont ces capacités propres à Erwin et Livaï séparément : la capacité d'empathie et de compréhension des autres pour Livaï et la capacité à voir l'avenir, à dépasser le cadre imposé par la société et à se projeter pour Erwin. Je vais donc resituer brièvement les deux personnages.
Livaï a évolué depuis son enfance dans les bas-fonds, un univers clos et difficile qui l'a obligé à développer très vite une capacité d'adaptation à tous les évènements inhabituels pouvant se présenter face à lui ; dans sa situation, il faut savoir agir vite afin de conserver sa vie, mais aussi savoir juger d'un seul coup d'oeil les personnes qui présentent un danger potentiel, et donc savoir les comprendre vite. Livaï prétend lui-même qu'il ne peut pas être sûr que la personne qui se trouve tout à côté de lui ne sera pas celle qui le tuera (il exagère peut-être un peu mais cela donne une bonne idée de son tempérament). Il ressort de tout cela que Livaï est un homme qui vit surtout dans le présent immédiat, et qui n'a qu'une très vague idée de l'avenir. Habitué à vivre au jour le jour dans les bas-fonds, il a des difficultés à se projeter dans le futur. Il affirme également ne pas être habile pour ce qui est de planifier des stratégies, ce qui demande une capacité de schématisation mentale dont il se pense dépourvu. Furlan, dans Birth of Livaï, reconnaît lui-même que Livaï ne devait pas trop aimer d'être considéré comme le chef du gang, sans doute à cause de cela. C'était Furlan qui devait monter les plans de la troupe, Livaï se contentant de suivre. Il est un être de l'instant, du présent.
Son ancienne vie l'a également obligé à abandonner une partie de son humanité pour lui permettre de survivre dans un environnement déshumanisé. Mais tout au fond de lui reste ce qui fait son humanité la plus profonde : son empathie et sa capacité à comprendre les autres d'un coup d'oeil, que les bas-fonds ou l'influence de Kenny n'ont pas pu lui enlever. Erwin lui-même fait référence au côté "chaleureux" de Livaï dans son interview. Pour qu'Erwin fasse référence devant quelqu'un d'autre à quelque chose de si intime concernant Livaï, c'est sans doute qu'il l'a expérimentée lui-même. Il parle aussi de sa "gentillesse" et de sa propension à s'occuper des autres malgré sa rudesse apparente. Erwin considère que ces qualités sont précieuses, et que lui-même ne les possède pas (en tout cas pas au même degré). J'ai déjà dit que Livaï était un trait d'union entre Erwin et le reste du bataillon. Il est celui qui rappelle au major son humanité quand celui-ci la met de côté. Dans l'arc du titan féminin, Erwin se préoccupe de féliciter Livaï pour la réussite de l'opération ; Livaï, lui, se soucie de lui rappeler que c'est le sacrifice des lignes arrières qui a conditionné la réussite de la mission. Il ne le sermonne pas, ni ne lui fait de reproche : il lui rappelle juste ce genre de détails qu'Erwin, dans sa position, peut aisément oublier. Pas Livaï qui a plus à coeur le bien-être des autres et le bien-fondé de leur sacrifice.
Quand Ono Daisuke dit que "Livaï est devenu une partie significative de la chair et du sang d'Erwin" (interview des seiyuu), il ne croyait pas si bien dire. Il évoque ici une relation presque fusionnelle, symbiotique entre les deux hommes. Livaï devient en quelque sorte le coeur d'Erwin, celui qui le fait rester humain malgré les épreuves. Erwin admire cette capacité de Livaï, dont il s'estime incapable. Mais Livaï ne le pensait pas car c'est justement pour conserver cette part ultime d'humanité en Erwin qu'il décide de le laisser partir.
Qu'est-ce qu'Erwin, de son côté, apporte à Livaï ? Cela pourrait se résumer par la fin de Birth of Livaï. Si Livaï baisse les armes et se laisse subjuguer par Erwin, c'est parce que celui-ci transcende totalement par son discours le monde minuscule et étriqué dans lequel il évoluait jusqu'à présent. L'évocation de la lutte contre les titans, des terres à reconquérir, de la liberté, tout ceci évoque pour Livaï des choses au-delà de sa portée et que son mode de vie et de fonctionnement ne lui permettaient pas d'appréhender jusqu'à maintenant. Contrairement à Livaï qui a vécu dans un milieu uniquement clos et replié sur lui-même, peu propice à la rêverie (mais seulement en apparence car Livaï avait en lui l'aspiration à la liberté), Erwin a grandit dans un milieu plus ouvert, plus éduqué, plus propice à la réflexion sur le long terme ; son père a été un facteur déterminant. Erwin a donc développé une capacité plus grande que la normale à la projection vers l'avenir, les lointains, à écarter les bords du petit monde des trois Murs pour tenter de voir ce qui se trouve au-delà. Ses capacités de projection, de déduction, le placent dans un statut d'homme d'intellect alors que Livaï est tourné vers l'action pure. Or, sans cette capacité à inscrire ses actes dans un dessein certes lointain et hypothétique mais transcendant, les actes de Livaï sont vains. C'est cette capacité intellectuelle d'Erwin qui manquait à Livaï - car il n'a jamais eu l'occasion de l'exercer - et qui lui permet de donner un véritable sens à ses actes, et à sa vie en générale.
Si Livaï est devenu le coeur d'Erwin, Erwin est devenu le cerveau et les yeux de Livaï. Il a su éveiller sa soif de liberté endormie, qu'il a bien sentie dès le départ. Quand Erwin interroge Livaï sur sa capacité de discernement, en l'opposant à un éventuel retour dans les bas-fonds, Erwin indique qu'il croit que Livaï est capable de l'accompagner dans sa vision. Erwin ne recherche pas des subordonnés dociles, stupides et soumis. En Livaï, il voit quelqu'un avec lequel il peut partager son idéal ; il veut faire de lui un acteur et non un spectateur impuissant de la découverte de la liberté. Et il y arrivera. Car son discours clair et précis de ce qui peut se cacher au-delà des terres sauvages parle à Livaï de choses qui étaient enfouies en lui depuis longtemps et qui n'attendaient que de s'éveiller. Qu'importe finalement qu'il ait ou non été sincère à ce moment (personnellement, je n'en doute pas) ; qui ira le blâmer pour cela ? Il a gagné le meilleur compagnon de route possible et le plus grand protecteur de l'humanité.
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Il ne s'agit pas ici de dire qu'Erwin est dépourvu d'humanité et Livaï dénué de toute vision transcendante. Ils ont éveillé l'un dans l'autre ce qu'ils possédaient en propre de meilleur. En cela, ils sont réellement un "couple" au sens premier du terme, c'est-à-dire deux personnes unies dans un but commun ; deux personnes qui entretiennent une relation privilégiée et exclusive qui ne peut être étendue à d'autres ; deux personnes qui se sont liées car l'une possédait une chose que l'autre ne possédait pas, parce qu'il y avait un vide à combler. Sans Erwin, Livaï serait devenu quelqu'un de détestable, à gâcher ses talents pour des choses futiles ; sans Livaï, Erwin serait réellement devenu inhumain. C'est là-dessus, avant toute chose, que repose leur Ackerbond selon moi.
Bien sûr, Livaï et Erwin sont des adultes, ils ne vont donc pas se comporter comme des adolescents bourrés d'hormones ! Leurs rapports sont plus pudiques, moins démonstratifs, que ceux qu'on constate dans le EreMika ; Livaï n'a pas besoin d'être constamment sur le dos d'Erwin pour veiller sur lui, même si à la fin il deviendra clairement son principal sujet d'inquiétude. Ce sont des soldats vus comme froids et austères, ce qu'ils sont la plupart du temps, mais on ne peut pas vivre six ans aux côtés de quelqu'un sans avoir connu avec lui des moments plus légers ou joyeux. Erwin et Livaï ont dû vivre ça, mais le manga ne peut nous le montrer ; il se déploie sur un laps de temps très court (environ un mois pour les évènements de 850) et il est bien évident que toute la relation entre Erwin et Livaï ne peut nous y être dévoilée. C'est une période de crise et ils ne sont pas les héros de l'histoire. Mais nous avons tout de même pu noter à quel point Livaï peut se montrer inquiet et même violent lorsqu'il sent que son lige se met en danger ; à quel point il le protège, en fait depuis le début (le personnage d'Erwin est développé trop tard dans le manga pour qu'on puisse l'apprécier à sa juste valeur ; un regret de ma part, peut-être aussi de la part d'Isayama). Quand on les entend parler durant leurs interviews, de l'un et de l'autre, ou ensemble, on sent cette complicité légère, un peu taquine, un peu cynique, qui doit animer leurs discussions privées. Ces deux hommes étaient faits l'un pour l'autre, des âmes-soeurs, quel que soit le sens que vous voudrez donner à ces termes.
Des années après la mort d'Erwin, Livaï revient à Shiganshina offrir les honneurs d'une vraie sépulture à son lige. Qu'a-t-il trouvé, et ressenti, en pénétrant de nouveau dans ce mausolée improvisé, et en découvrant ce qui restait d'Erwin ? Lui a-t-il renouvelé sa promesse de tuer Sieg ? L'avenir de la série nous le dira.
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Conclusion : Erwin et Livaï se sont croisés tels deux étoiles fulgurantes qui auraient pu se fracasser l'une contre l'autre. Au lieu de cela, ils ont mêlé leurs lumières (la Livaï rouge et la bleue Erwin, très bien illustrée dans la version animée de Birth of Livaï) et sont devenus les deux hommes les plus importants du bataillon, dans une époque de crise où la confiance mal accordée se paie au prix fort. Ils ont mené ce régiment à ses plus hauts sommets, et même s'il a finalement disparu, c'est en accomplissant sa mission. Par leur confiance profonde, leurs capacités personnelles complémentaires comblant un vide réciproque, ils ont su amener avec eux au combat tous ceux qui avaient soif de liberté ; ils se sont soutenus, émulés, mis à l'épreuve en permanence afin de réaliser le rêve qu'ils avaient en commun : libérer le peuple des Murs et trouver leur propre liberté. L'avenir nous dira si tout ceci est réellement une délivrance ou une prison encore plus terrible. Erwin, lui, a en tout cas été libéré.
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Conclusion
Le Ackerbond est sûrement l'une des dynamiques les plus intéressantes, tragiques et émouvantes de SnK. Le YumiKuri (Ymir & Christa) aurait pu en être ! Elle lie deux êtres à la vie à la mort. Et si c'est le lige qui a tendance à partir le premier, laissant le Ackerman seul et sans repères, c'est peut-être parce que le Ackerman est le plus impliqué des deux dans la relation, et le lige le plus visionnaire, le plus torturé aussi mais le plus sûr de son but, que le Ackerman ne fait que servir. Le lige est une source d'inspiration pour lui, un guide, un ami, un frère, et même bien plus. Il est celui qui change le Ackerman sombre, inutile, tel une pierre brute, en un diamant faceté avec soin et prêt à donner le meilleur de ce qu'il peut. Kenny, Livaï et Mikasa sont différents, leurs caractères et leurs possibilités le sont aussi. Mais ils ont fait de leur mieux pour la personne qui comptait le plus pour eux. Et Mikasa continuera sans doute de le faire, puisqu'elle est la seule à avoir encore son lige vivant.
Je l'ai déjà dit, les Ackerbond sont destinés à finir tragiquement. Je ne sais pas s'il en sera de même pour le dernier qui reste (EreMika), mais un drame est tout à fait possible. SnK n'est sûrement pas une histoire qui se terminera bien...
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